En carrefour de savoirs

En carrefour de savoirs

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Les associations partenaires ont fait le pari d’une exploration citoyenne pour comprendre comment le système de protection sociale fonctionne aujourd’hui, ses impacts positifs et négatifs sur la vie des gens, et pour imaginer les principes d’une protection sociale qui pourrait être plus juste et plus douce pour chacun et chacune.

Redonner vie à la parole citoyenne

Nous sommes tous concernés par la « protection sociale » à différents titres : la recherche d'un emploi, la maladie, la demande d'une allocation, l'accès à la formation, la perte d'un revenu, l'accueil d'un enfant, etc. Or, le plus souvent, le système de protection sociale n'évolue pas à partir de ces constats mais à partir d'un équilibre budgétaire de « branches » qui ont été constituées à une époque donnée, sur la base de financement fléchés vers des besoins spécifiques.

Repenser une protection sociale plus juste et plus douce ne peut se faire qu’en partant de la vie des gens, des vulnérabilités, des difficultés et points d’appui que chacun rencontre pour faire face aux aléas de la vie, avec une attention particulière à ceux qui sont en bas de l’échelle.

Concrètement, cette approche se traduit par l’organisation de séances de carrefours de savoirs et séminaires, réunissant notamment des personnes en situation de pauvreté, sur le thème de la protection sociale.

 

Identifier et croiser des savoirs différents

Ainsi, les carrefours de savoirs font se rencontrer...

  • Le « savoir des gens » : la compréhension subjective, humaine, fondée sur une expérience vécue, parfois maladroite ou bancale, des citoyen·nes, des résident·es, des salarié·es, des retraité·es, des allocataires, des jeunes, des vieux et vieilles, ….
  • Les « savoirs savants » issus des sciences sociales, de l'histoire, de l’économie, et plus largement de la réflexion académique.
  • Les « savoirs professionnels », techniques, vécus par les « faiseurs » du système de protection sociale.

Une attention particulière est portée au savoir des personnes à la marge. Celles qui sont rarement invités à la réflexion, celles qui sont le plus souvent invisibilisées ou traités seulement comme bénéficiaires de politiques décidées par d’autres à leur égard. Les personnes qui vivent les difficultés ont une part de savoir, mais aussi une part de solution, de clarté dans les leviers qu’il est possible de mobiliser pour changer.

Il ne s’agit pas seulement de la superposition ou du croisement de ces savoirs.Tout le monde peut parler de sa vie, qu’il soit en situation de pauvreté, chercheur·e ou expert·e. De la même façon, chacun·e peut, à sa mesure, essayer de comprendre et d’analyser, l’histoire, les questions budgétaires, les réflexions et argumentaires académiques concernant le sujet que l’on traite. C’est cette incursion réciproque dans les savoirs des uns et des autres, à la mesure de chacun·e, qui crée les conditions de production de savoirs nouveaux .

 

Faire appel à tous les types d’intelligence

On considère chacun·e comme étant capable de contribuer à la réflexion collective à partir de sa vie, de son intelligence et de ses émotions. Chaque rencontre est un moment d’exploration créative faisant appel au sensible et à l’intelligence théorique et pratique. On valorise les mots, la poésie, les métaphores, les modélisations et représentations.

L’animation de ces rencontres s’attache à rester souple tout en faisant gage de rigueur. L’expérience est toujours racontée dans un compte-rendu attentif, avec un recours si nécessaire à l’enregistrement sonore.

 

Une démarche qui se construit en marchant

C’est en cheminant que la réflexion se construit. Les groupes ont commencé par des questions convenues mais ont élargi le cadre de la réflexion sans se limiter à priori. Aucun « programme » n’est déroulé. C'est une exploration progressive de terres inconnues pour aboutir à des propositions au plus près de la vie des gens.