Le cheminement du Carrefour de savoirs "Contribution"

Le cheminement du Carrefour de savoirs "Contribution"

Chapo
Le système de protection sociale est principalement organisé autour du travail-emploi. C’est de là que sont issus les principaux droits, et c’est principalement par nos salaires que l’on cotise et que l’on contribue financièrement au système. Mais les participants aux Carrefours de savoirs sur la protection sociale (saison 1) ont aussi mis en lumière qu’il y avait bien d’autres manières d’aider et d’être aidé. Ces aides qui se jouent « ailleurs » ne sont souvent pas reconnues, parfois risquées pour les personnes, ou encore empêchées.

Après nous être « heurtés» plusieurs fois à cette question, souvent nommée au travers de situations de vie injustes, nous avons décidé, à l’automne 2021, de centrer nos recherches sur ce sujet de la reconnaissance de ce que nous avons appelé les « activités non rémunérées ».
Corps

C’est avec un groupe renouvelé que nous avons pris nos quartiers dans la Drôme des collines à l’automne 2021, pour un cycle de quatre Carrefours de savoirs de deux jours chacun. Un lieu de vie et de travail au calme est nécessaire à la rencontre entre des personnes d’horizons différents, et à des sessions où chacun est invité à puiser dans ses histoires de vie et à s’alimenter de celles des autres et des savoirs du monde académique.

C’est donc avec une douzaine de personnes que nous avons lancé nos travaux. Certaines venaient de Chambéry et de la Drôme, issues des collectifs de chômeurs et d’allocataires du RSA animés par AequitaZ (collectifs « La Huppe » en Drôme et « Tenir le cap » en Savoie). D’autres venaient de la métropole de Lyon, avec la délégation du Rhône du Secours Catholique. Étaient également parties prenantes des salariés de ces deux organisations. Une diversité de parcours de vie et de statuts de personnes était représentée, dans le travail-emploi, en retraite, au RSA…

Des premières questions nous ont guidés au départ :

  • Comment reconnaître toutes ces contributions qui se font sous une autre forme que le travail rémunéré ?
  • Est-il possible de penser l’ouverture de droits à partir de ces contributions et comment le faire ?
  • Comment, pour autant, avoir le droit de ne pas contribuer quand on ne peut pas ?
  • Comment, enfin, ne pas dévoyer ces contributions en les rendant obligatoires ?

Durant ces huit journées, nous avons procédé par étapes.

  • D’abord par le repérage, dans nos histoires de vie, des activités que nous réalisons hors emploi.
  • Nous avons exploré les formes de reconnaissance que l’on recevait, et toutes les fois où ces activités, pourtant essentielles pour nos vies et celles de nos proches, n’étaient pas reconnues par la société.
  • Nous avons identifié des points de tension tels que l’arbitrage temps / argent pour mener à bien l’activité, la dimension du choix et du non-choix.
  • Nous avons analysé les complémentarités entre ces activités et celles réalisées dans le travail-emploi.
  • Nous avons regardé l’utilité de ces activités au regard de nos solidarités et analysé là aussi les complémentarités entre solidarités de proximité et système national de protection sociale.
  • Nous avons identifié des pièges et tracé des voies qui nous ont semblé inspirantes vers davantage de reconnaissance.

Durant tout ce parcours, nous sommes allés nourrir nos réflexions auprès des travaux menés par des sociologues et philosophes qui ont écrit et documenté ce sujet du hors-emploi, grâce à l’arpentage d’articles, des vidéos et interviews des auteurs, la lecture de chapitres d’ouvrages.

Les conclusions du Carrefour

À l’automne 2022, puis lors d’un séminaire de deux jours en avril 2023, nous avons mis en dialogue nos travaux avec des chercheurs et des personnes qualifiées sur ce sujet. L’ensemble de la matière de ces dix journées a été rigoureusement collecté et analysé pour aboutir à une synthèse fidèle et argumentée de nos travaux.

Les principales conclusions des réflexions du Carrefour sont résumées ici, et dans le rapport "Un boulot de dingue"