Prenez soin de vous, prenons soin de nous, vécus de confinement

Pour lire le  Cahier de la protection sociale #2

Nous sommes partis des 7 principes pour une protection sociale solidaire, édités par le Collectif pour une Protection Sociale solidaire. Nous avions pour objectif de mieux comprendre ce qui se jouait pendant cette période particulière de notre histoire individuelle et collective, de repérer ce qui était mis en lumière par le contexte, ce qu’il révélait comme inégalités plus profondes ou persistantes. Nous voulions adresser des propositions de changement au regard du vécu de cette période, pour plus d’égalité et de prise en compte des plus fragiles d’entre nous.

Dans ce cheminement, l’expression «Prenez soin de vous», qui a fleuri en bas des courriels et des messages, qui a ponctué bon nombre de discussions, de nombreux d’entre nous, nous a interpellé. Adressée à chacun, comme si c’était une question individuelle, alors même que l’expérience du confinement révèle avec force nos dépendances mutuelles. Cela a résonné dans nos oreilles : Que veut dire «prendre soin» ? Qui peut prendre soin de soi ? qui doit prendre soin des autres ?….
On a envie de défendre un «prenons soin de nous» qui nous ramène à cette idée d’une protection sociale solidaire.

Nous avons donc décidé de réaliser une série d’entretiens, avec des personnes vivant des situations diverses (précarité, isolement, activité de première ligne ou télétravail), afin d’identifier, au plus près du vécu des personnes, les inégalités de situation face au confinement et à la possibilité de «prendre soin», mais aussi de repérer les signaux faibles et les formes de solidarité qui se sont développées durant cette période, et que nous souhaiterions voir perdurer à l’avenir…

Ce cahier propose une lecture et analyse de ces entretiens. Ce document est une contribution de l’association Aequitaz à la réflexion du Collectif pour une protection sociale solidaire

Pour lire et télécharger le Cahier, c'est ici

Pour certain.e.s, et en particulier les personnes en grande précarité, l’idée du «prendre soin» paraît très éloignée. C’est aussi parce que personne ne le leur demande, comme si ce genre d’attention était réservé à ceux qui le peuvent.

C’est peut être la conclusion la plus importante de la démarche que nous avons mené, et sans doute le point le plus transgressif : Continuer à demander à des personnes qui ne se posent pas cette question du soin, à qui on ne pose jamais cette question, comment elles feraient pour prendre soin d’eux.

Prendre au sérieux le déconfinement, c’est aussi porter attention aux plus fragiles, en dehors de toute situation de crise sanitaire.

Pour d’autres, ou les mêmes, l’expression "prenez soin de vous" apparaît souvent comme une injonction, et surtout un renvoi à la seule responsabilité individuelle, alors même que l’expérience du confinement a éclairé avec force l’importance du lien, et de nos dépendances mutuelles.

C’est une deuxième conclusion affirmée avec force durant les entretiens : tout seul, ce n’est pas possible de prendre soin de soi. Le soin est collectif. Lutter pour une protection sociale solidaire, c’est militer pour passer du prenez soin de vous au prenons soin de nous. C’est prendre la mesure de notre interdépendance fondamentale et de ce qu’elle
nous oblige