Du point de vue de l'échelle sociale
Du point de vue de l'échelle sociale
L'échelle des revenus
Pour regarder selon l'échelle sociale, on divise la société en 10 groupes (les « déciles de population »)1, selon leur niveau de vie : à un bout, les 10 % de la population les plus riches, à l’autre, les 10 % les plus pauvres.
- On peut avoir une idée des inégalités de revenu en regardant la moyenne du revenu disponible de chaque décile. Ce ne sont que des moyennes, qui cachent les écarts à l'intérieur de chaque décile, mais qui nous donnent un ordre de grandeur.
- La moyenne des revenus du décile 1 est de 690 euros par mois et par unité de consommation. La moyenne du décile 10 est de 4.720 euros par mois et par unité de consommation. Le revenu médian est de 1.950 Euros 2
Les revenus de chaque décile sont de trois types : revenus de la protection sociale, revenus du travail, et revenus du capital.
- Entre les déciles 4 et 5, on se met à recevoir plus de revenus du travail que de revenus de la protection sociale. En dessous, les revenus de la protection sociale sont plus élevés que ceux du travail. Au-dessus, c'est l'inverse.
- La progression des revenus est lente sur les premiers déciles, avec une vraie accélération au huitième décile, et une explosion entre les déciles 9 et 10.
- Pour le décile le plus riche, les revenus de la protection sociale sont composés quasi uniquement des retraites, avec un peu de prestations sociales (allocations familiales entre autres).
Ces premiers constats sur les niveaux de vie (en revenus) doivent être complétés, nuancés, par la question des conditions matérielles de vie, selon le territoire où on habite, et le patrimoine de chaque décile de la population.
En effet, cela rejoint la question de la sécurisation du parcours de vie des personnes où le patrimoine est un élément sécurisant. Cette idée est détaillé dans l’exposé des motifs de l’ordonnance portant organisation de la Sécurité Sociale 3. Dans une certaine mesure, la protection sociale est le patrimoine des personnes en situation de précarité.
Les inégalités
Les inégalités apparaissent très clairement quand on s’intéresse aux montants en cause. L'écart entre le premier le dixième décile nous interpelle et nous indigne. Quel serait le revenu maximal acceptable ? De combien a-t-on besoin pour vivre bien ? Quels sont les déciles où on survit et ceux où l’on se trouve dans une (trop grande) abondance matérielle….
Nos parcours de vie donnent des exemples :
- Pour l'alimentaire, dans le décile 1, les personnes ont mentionné les colis alimentaires, les privations de repas et les produits de mauvaise qualité. Dans le décile 3, on va se priver uniquement de certains produits mais on ne pourra jamais aller au restaurant. Au-delà du décile 6, on peut acheter des produits bios sans se soucier, ainsi que des petits extras.
- Si on prend par exemple la question de la culture, le décile 3 parle de livres, le décile 6 parle de spectacles
Quand on se situe dans les déciles 1-2 (revenus très bas), on est dans quelque chose qui est de l'ordre du vital. La protection sociale joue là dessus.
Pour les déciles 6-7, la protection sociale apporte une sécurité (la possibilité de quitter un travail, les soins de santé, la sécurité que représentent les allocations logement versées aux enfants étudiants….).
Entre les deux, on est à la recherche permanente d'un équilibre.
Ce n'est que lorsque la sécurité est assurée que l'on a de réelles capacités d’action, un pouvoir d’agir.
Enfin, nos expériences montrent qu'il y a une culpabilité de recevoir quand on est en bas de l'échelle, alors qu'il n'y a pas de culpabilité à recevoir les retraites ou les allocations familiales quand on est en haut de l'échelle. Cette différence de perception devrait être traitée dans une protection sociale plus solidaire car elle a des conséquences négatives : du mal-être, de la colère et de personnes qui ne recourent pas à leurs droits.
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1 Et vous, où vous situez vous ? Faites l'exercice !
2 Voir https://www.insee.fr/fr/statistiques/3549502 p.119
3 Exposé des motifs de l’ordonnance portant organisation de la Sécurité Sociale : "Trouvant sa justification dans un souci élémentaire de justice sociale, elle répond à la préoccupation de débarrasser les travailleurs de l’incertitude du lendemain, de cette incertitude constante qui crée chez eux un sentiment d’infériorité et qui est la base réelle et profonde de la distinction des classes entre les possédants sûrs d’eux-mêmes et de leur avenir et les travailleurs sur qui pèse, à tout moment, la menace de la misère.[…]"