Du panier à nos vies
Du panier à nos vies
La transaction administrative
L’argent de la protection sociale entre directement dans nos vies par le biais de remboursements (comme le remboursement des soins médicaux) ou d'allocations (comme les Allocations familiales et les allocations logement, le RSA, les pensions de retraite, etc....)
Les droits à ces prestations dépendent de nos situations . Il y a des seuils de revenu, des conditions particulières pour chacune des prestations.
Du coté de nos vies, cela se traduit souvent par la lourdeur des dossiers et des cases à remplir, qui font souvent du recours aux droits un parcours du combattant. Des vies « rondes » face à des cases « carrées » des dossiers à remplir, dans lesquelles il faut rentrer pour avoir droit aux prestations. C'est tout le travail d'une transaction administrative douce que de gérer ces écarts.
Du panier à nos vies
Dans cet enchevêtrement de dispositifs, les allocations et prestations ne sont pas toutes versées de la même manière et cela peut impacter le budget de chacun.
Prenons l’exemple des Allocations Logement (APL). Dans certains cas, on reçoit directement l'Allocation sur notre compte en banque. On l'utilise ensuite pour payer le loyer au propriétaire. Dans d’autres cas, l’Allocation est versée directement au propriétaire, et la part de loyer que l’on paye est diminuée d’autant. Au final, c'est la même chose mais on le vit différemment, car on n'a pas la même notion des dépenses et du budget.
D’autres allocations sont fléchées, comme le Chèque Énergie . De plus en plus, ces allocations sont versées directement aux prestataires. Il y a de moins en moins d'argent qui passe par nos poches ce qui nous donne moins de contrôle pour des arbitrages personnels.
Ces formes variées de versement des allocations peuvent ainsi créer de la complexité pour les familles, qui n’ont pas une idée claire du budget qu'elles ont à disposition. Dans le même ordre d'idées, le calcul des prestations au plus près des situations réelles, et non pas sur la base des revenus des années antérieures, est sans doute plus juste, mais crée aussi l’insécurité de ne pas pouvoir se projeter par manque de vision prospective de son propre budget.
Ici aussi, il ne faut pas oublier tous les services dont nous bénéficions gratuitement, c'est à dire cette part de budget invisible qui "ne passe pas par nos poches", mais qui contribue à notre protection.
Tout le monde contribue au panier.
Le panier de la protection sociale est alimenté par l'argent que nous mettons en commun. Il y a trois grands types de ressources qui composent le panier. Nous les avons détaillées quand nous avons essayé de comprendre les grandes masses qui composent le panier.
Pour penser le système à partir de la vie, il est indispensable de comprendre également comment chacun contribue à ce panier : nous participons tous, à des degrés divers, à alimenter ce panier, par :
- Les cotisations prélevées sur les salaires (cotisations patronales et salariales) pour tous ceux qui ont un travail rémunéré. Il est important de dire ici que les cotisations sont un salaire différé, une somme mise de coté de manière obligatoire, pour les situations où soi ou d’autres en ont besoin . La différence avec l'épargne, c'est que ce n’est pas mis de côté sur un compte personnel, par chacun d’entre nous, mais de façon solidaire. Cette obligation nous rend solides et solidaires.
- Deux cotisations plus spécifiques et récentes qui ne reposent pas uniquement sur le travail : la CSG1 et la CRDS2. La CSG est prélevée sur tous les revenus (salaires, mais aussi allocations chômage, retraites ou encore revenus du capital). Elles sont injustes car proportionnelles et non progressives. Elles représentent un même pourcentage du revenu que l’on soit riche ou pauvre.
- Les impôts sur le revenu (pour ceux qui ont des revenus suffisants), mais aussi des des taxes spécifiques (tabac, alcool...) ou encore la TVA, que tout le monde paye sur ses achats et qui vient abonder le budget de l’État (ce budget, différent du "budget de la Sécu", prend en charge une partie des politiques de solidarité).
Enfin, nous contribuons aussi par l'entraide et la solidarité ! Dans le quotidien, nous apportons de l’aide à un proche, un parent âgé ou à un enfant, nous réglons de multiples problèmes administratifs, pour soi ou pour des proches, nous donnons des coups de main aux voisins, .... Du point de vue de la société, le travail-emploi est la seule contribution à la richesse commune réellement reconnue, alors qu'il y a bien d'autres manières d'aider et d'être aidé. Ces contributions sont multiples, diverses et toutes nécessaires. Reconnaître le caractère essentiel de toute contribution engage à leur prise en compte dans le système de protection sociale, à penser l’ouverture de droits en lien avec ces contributions.
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1(Contribution sociale généralisée)
2(Contribution sur le Remboursement de la Dette Sociale)