Une indignation et une conviction
Une indignation et une conviction
Nous voulons croire que la pratique des sanctions à l’encontre de citoyens parmi les plus pauvres de notre pays constitue un impensé de notre société. Et qu’en exposant ces pratiques et leurs conséquences au grand jour, notre société choisira de tourner le dos à cette forme de violence.
Avec ce rapport, nous voulons apporter une contribution nouvelle et, nous l’espérons, décisive, sur la question de la garantie du revenu, sans contreparties.
Ce rapport est le fruit d’une indignation.
Encourager le retour à une activité professionnelle, en contrepartie du revenu minimum, l’idée séduit dans l’opinion. Elle guide nos politiques sociales depuis 30 ans. Mais a-t-on mesuré la portée d’une telle logique ? Dans un pays riche comme la France, a-t-on vraiment conscience de condamner des foyers à vivre sans aucun soutien de la collectivité, parce qu’ils n’entrent pas dans les cases prévues pour eux ? La pauvreté est-elle un crime, qu’il faille une forme de tribunal pour juger du mérite des uns et des autres à être aidé ?
Ces questions constituent le socle de la réflexion menée depuis de longs mois par le Secours Catholique et AequitaZ. Elles sont nées des nombreux témoignages recueillis par les deux associations auprès de personnes allocataires du RSA. Ces dernières racontent l’obligation de se justifier en permanence, l’insécurité que fait peser sur elles le risque de voir leur seule ressource réduite ou suspendue pour un justificatif manquant, un rendez-vous raté. Elles racontent le stress constant, les sentiments d’humiliation, d’injustice et enfin l’abysse dans laquelle les plonge la perte brutale du RSA.
Germe alors une conviction
Pour jouer pleinement son rôle de plancher social, le revenu minimum ne peut être un outil incitatif pour le retour à l’emploi.
Il fallait documenter le sujet, en comprendre l’histoire, en saisir les arguments. C’est la genèse du rapport publié jeudi 1er octobre 2020 par le Secours Catholique et Aequitaz : « Sans contreparties – Pour un revenu minimum garanti ».
Ce rapport ne fera pas l’unanimité. Nous mesurons combien des années de discours faisant des pauvres les principaux responsables de leur situation, voire des profiteurs, ont pu légitimer dans l’opinion le fait qu’on leur demande toujours plus de preuves de leur volonté de s’en sortir en échange d’une « aide sociale ». L’idée qu’il puisse y avoir de « l’argent gratuit », tandis que d’autres s’échinent au travail pour des salaires de misère, est insupportable aux yeux de beaucoup. D’autres encore considèrent que ce serait un message d’abandon envoyé aux plus pauvres si on ne leur demandait rien en échange d’une allocation. Tous ces arguments sont connus, ils sont même partagés chez certains de nos soutiens. Mais celles et ceux qui les avancent ont-ils mesuré toutes les conséquences pour les personnes concernées ? Nous faisons l’hypothèse que non.
Un rapport pour documenter et argumenter, mettre en débat.
Avec ce rapport, nous cherchons d’abord à documenter la situation (part. I) et à en comprendre les racines (part. II), avant de débattre des arguments avancés pour ou contre un revenu minimum garanti (part. III) et de proposer des solutions (part. IV)
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